Critique

Attention, peinture fraîche !

Car c’est bien de fraîcheur dont il s’agit !

A l’heure où l’art contemporain revendique le vide, exclut le sens, le sensible et le métier, il faut une singulière dose d’innocence pour peindre des “petites maisons”. Et de plus, nous sommes loin de cette industrie côtière vomissant sans cesse les mêmes flots de chaumières et de petits bateaux.
On est donc en présence d’un cas.

Josée Le Roux nous propose une peinture figurative, simple et dépouillée, mais au fort pouvoir d’évocation poétique. Lorsqu’elle se frotte à la turbulence d’Ouessant, elle se concentre sur le rapport subtil entre ciel mouvant et terre enserrée dans un réseau de murets. L’impression d’instabilité est délibérée, mais sans jamais brouiller le regard. De ses maisons apparemment vacillantes se dégage une atmosphère de sérénité en dépit de l’attente des prochains vents.

A partir de petits papiers crayonnés sur le motif, toute emplie d’un grand pouvoir d’égarement, elle recompose le sujet selon son état d’âme.

Sa technique si particulière est très maîtrisée. La boite à couleurs est restreinte mais avec une profusion de nuances. La transparence n’est jamais altérée. La sauvagerie des lieux s’exprime par la délicatesse de la touche.

Minutie du travail, finition irréprochable, ces petits formats sont présentés dans un écrin de couleur peint à même le bois du tableau. Le public ne s’y est pas trompé, il apprécie cet art tranquille et joyeux qui illumine son environnement.

Nous reviendrons toujours à la fraîcheur !

Christian BELLUARD, juin 1999.

La délicatesse de l'esprit

Comment ne pas se questionner sur la révélation qui anime ces artistes telle Josée Le Roux ?

En effet, pour elle, comment se considérer une artiste, lorsque, malgré d'indispensables études en école des Beaux Arts, il est décidé, une vie durant, que la peinture ne peut se pratiquer que dissimulée, pour soi-même, bien que les différents métiers exercés, décoratrice-étalagiste, maquette publicitaire, dessin animé, restauration, ramènent immanquablement à la voie créatrice des arts plastiques !

Enfin le saut s'est réalisé et désormais, Josée Le Roux peut reconstruire, recréer des paysages en toute sérénité, et avec un beau talent, original, émouvant, et bien à sa place dans une réalité contemporaine, sensible et attachante.

Murs, murets et maisonnettes constituent un motif d'exception que l’artiste décline avec bonheur, d'une manière pleine de simplicité et de complicité avec la poésie native qui se doit de régir un tel choix.

Peintes sur panneaux de bois en couleurs fines et fraîches sur un canevas parfaitement efficace, les constructions de Josée Le Roux et ses œuvres marines, se mesurent à l’instabilité et au guingois avec une délicatesse de l'esprit et de la main qui font de cette artiste, une créatrice d'émotions dans un environnement peu ordinaire et d'une présence inoubliable.

André Ruellan, Critique d’art, mars 2004

Critique de Françis Parent pour Josée Le Roux

FORMALISME

Quand on regarde une œuvre, quel type de formalisation se donne à voir de prime abord ? Est-ce plutôt abstrait, plutôt figuratif, etc?

- Figural
- un peu déconstruit. En moins "Hard" que le "construit non orthonormé", les figures sont analysées en quasi "Post Cubisme" (Picasso, Villon, ...) ou révèlent une "géométrie intérieure" (Bazaine, Jacques Hérold, Veira da Silva, ...), en restant toujours globalement reconnaissables.
- Arts Singuliers - Naïfs, Populaires, Enfantins: expression de cultures identitaires: d'une région (Arts traditionnels), d'un temps (par exemple le Naïf enfantin ; Chaïbia, ...), d'un genre ... Y compris dans "l'art savant" : cf. l'art pseudo-enfantin de Fernando Botero, Niki de Saint Phalle, ...

MATERIALITE

Comment se présente la matérialité de ce qui est donné à voir ?
- en matérialité ... en peinture, mais aussi avec toutes autres matérialités déclinables comme suit :
- Structurée - combinaisons structurées: combine indifféremment lignes, couleurs, matières ou volumes de façon plutôt structurée (Michail Heizer, Anish Kapoor, Miguel Barcelõ, ...).

INVESTISSEMENT CORPS / ESPRIT

Avec quel ratio Corps / Esprit, l'artiste s'investit-il dans son œuvre ?
- plus vers l'intellectualité / l'essence - travail intérieur axé plus vers l'introspectif, paysages intérieurs, émotions, sensations (Arpad Szenes, ...), sérénité ("Monochromes" de Yves Klein, ...), équilibre ("mandalas" de Augustin Lesage ou Adolf Wölfli, ...), mémoire ("les boîtes" de Boltanski, ...). Pour la recherche d'un équilibre "ressenti".

COMMUNICATION

L'artiste a t-il une volonté délibérée de communiquer à travers ses œuvres un message quelconque ?
- via le signifiant en partant du principe que les travaux sur les signifiants forment en eux-même un discours assumé (par exemple: "les châssis" de Daniel Dezeuze, etc., etc., ...).
- par ses variations de réalisation :
- sérialité, multiplication (Claude Viallat, Niele Toroni, "figurines" de Antony Gormley, ...).
- accumulation, compression (J. Chamberlain, Arman, César, ...).
- subtilités, variabilité des matériaux ("les blancs" de Rober Ryman ; les dissolutions de "matière / vie" comme chez Roman Opalka ou chez On Kawara, ...).

Francis Parent, Critique d’art, février 2007

-